Peut-être sommes-nous, à cet égard, dans une situation paradoxale : nous savons que, dans la réalité des faits, nous construisons l’avenir, en d’autres termes, que nous le voulions ou pas, nous savons que les choix qui se font aujourd’hui, choix proprement humains, auront des conséquences durables sur le monde que recevront les générations à venir. Alors, sauf à admettre que ces choix soient aveugles et que le destin du monde que nous fabriquons obéisse à des lois qui nous échappent définitivement, nous sommes contraints à l’utopie, un peu comme Sartre qui disait que nous sommes condamnés à être libres. On appellera utopie la distance qu’une société est capable de prendre avec elle-même, pour feindre ce qu’elle pourrait devenir.
Roland Schaer, L’espace, le temps, l’histoire, Utopie… la quête de la société idéale en Occident
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