Thursday, September 22, 2011

Voilà toute la politique

Mais, feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore ; d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler les plumes, et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage ; répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets ; intercepter des lettres ; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meure !

Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Le mariage de Figaro

Le transcendant n’existe plus

L’œuvre d’art semble toujours avoir quelque chose de transcendant, mais nous savons que le transcendant n’existe plus, que Dieu est mort. Ces premières considérations, qui allaient de pair avec la gravité de la perception de la crise et la conscience de l’impossibilité d’une dimension transcendantale, fut redoublée dans la discussion avec Nancy par la perception du caractère tragique de la situation de guerre et de chaos dans laquelle nous étions désormais entrés. Non seulement Dieu était mort, mais l’ombre de son cadavre s’étendait sur nos vies, sur notre capacité expressive. Pire encore, pendant cette guerre, Dieu se présentait d’un côté comme de l’autre comme une puissance destructrice, comme la représentation du fanatisme, comme la fonction d’une série d’identités orgueilleuses et intolérantes de l’existence de l’Autre.

Antonio Negri, Art et multitude