Monday, January 30, 2012

Holiday Party 2010

5733 Holiday Party 2010

Swift

Swift

Saturday, January 28, 2012

La mètis

Selon M. Détienne et J. P. Vernant (Les ruses de l’intelligence. La mètis des Grecs) : « La mètis est… une forme d’intelligence et de pensée, un mode du connaître où sont associés le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise ; elle s’applique à des réalités fugaces, mouvantes, déconcertantes et ambigües, qui ne se prêtent ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux ». On peut aussi citer ce passage : « …la réalité que nous nous efforçons de cerner se projette sur une pluralité de plans… les savoirs d’Athéna et d’Héphaïstos, d’Hermès et d’Aphrodite, de Zeus et de Prométhée, un piège de chasse, un filet de pêche, l’art du vannier, du tisserand, du charpentier, la maîtrise du navigateur, le flair du politique, le coup d’œil expérimenté du médecin, les roueries d’un personnage retors comme Ulysse, le retournement du renard et la polymorphie du poulpe, le jeu des énigmes et des devinettes, l’illusionnisme rhétorique des sophistes ». La mètis consiste parfois, ruse suprême, à faire l’imbécile.

Saturday, January 21, 2012

L’expression « (formellement) libre »

La clé de la théorie wébérienne du capitalisme est donnée dans cette parenthèse : « (formellement) libre ». L’idée de fond de L’Éthique protestante - qui justifie le choix d’écarter le modèle du pur capitalisme de spéculateurs comme forme moderne du capitalisme - est que la grande invention du capitalisme « rationalisé » est d’avoir transféré, ou de tendre à transférer la contrainte d’exploitation au niveau du travailleur lui-même, jusqu’à ce qu’il devienne le premier promoteur de sa propre productivité. Au capitalisme « irrationnel », celui de la rapine guerrière ou de l’exploitation extensive d’une main-d’œuvre d’esclaves, s’oppose, à terme, la « rationalité » d’un capitalisme « (formellement) pacifique », fondé, lui, sur l’apparente liberté du salarié qui ne travaille pas sous la trique mais « de son plein gré ». L’expression « (formellement) libre » doit être prise au pied de la lettre : elle signifie que le capitalisme rationnel promeut un type de travail qui est exercé dans des conditions juridiquement libres. La seule contrainte et la seule violence désormais admises sont la contrainte et la violence économiques. Le travail libre est d’abord, comme Weber l’explique dans Histoire économique, celui de « personnes qui sont non seulement dans la position juridique mais encore dans la nécessité économique de vendre librement leur force de travail sur le marché ». La spécificité du capitalisme moderne ne réside pas dans cet exercice d’une contrainte économique, dont il n’a pas le monopole, mais dans le fait que cette violence économique est intériorisée et tend à faire de chaque individu son propre patron, quelle que soit par ailleurs la taille de la structure dans laquelle il engage sa force de travail.

Isabelle Kalinowski, Le capitalisme & son « éthique » : une lecture de Max Weber

Saturday, January 14, 2012

Caños de Meca - Cadiz

Trafalgar

Faro de Trafalgar

Saturday, January 7, 2012

Joseph et ses frères

La tétralogie de Thomas Mann, Joseph et ses frères, écrite entre 1926 et 1942, est par excellence une « exploration historique et psychologique » des textes sacrés qui, racontés avec le ton souriant et sublimement ennuyeux de Mann, du coup ne sont plus sacrés : Dieu qui, dans la Bible, existe depuis toute éternité devient, chez Mann, création humaine, invention d’Abraham qui l’a fait sortir du chaos polythéiste comme une déité d’abord supérieure, puis unique ; sachant à qui il doit son existence, Dieu s’écrie : « C’est incroyable comme ce pauvre homme me connaît. Ne commencé-je pas à me faire un nom par lui ? En vérité, je m’en vais l’oindre. »

Milan Kundera, Les Testament trahis, 1993

Tuesday, January 3, 2012

Consommation esthétique

Le besoin de voir la réalité confirmée et le vécu exalté par des photos constitue un mode de consommation esthétique dont personne aujourd’hui n’est capable de se passer. Les sociétés industrielles font de leurs membres des camés dont l’image est la drogue ; c’est la plus puissante forme de pollution mentale. Désir poignant de trouver la beauté, d’en finir d’examiner le dessous des choses, de sauver et de célébrer le corps du monde : tous ces constituants du sentiment érotique s’affirment dans le plaisir que nous prenons aux photographies. Mais d’autres sentiments, moins libérateurs, s’y expriment également. Il ne serait pas faux de dire que les gens ont un besoin compulsif de photographier : de transformer le vécu lui-même en une façon de voir. Au bout du comte, vivre quelque chose et en prendre une photo deviennent identiques, et participer à un événement public équivaut de plus en plus à le regarder sous forme photographique. Mallarmé, le plus à le regarder sous forme XIXe siècle, déclarait que tout dans l’univers existe pour aboutir à un livre. Aujourd’hui, tout existe pour aboutir à une photographie.

Susan Sontag, Sur la photographie

Monday, January 2, 2012

The Lens Lab



Genevieve Quick