Dans les années 1900, envoyer et collectionner des cartes postales illustrées était une manie courante et souvent mortellement ennuyeuse à laquelle s’adonnaient des milliers de foyers bourgeois. Pourtant, la pléthore de cartes imprimées à cette époque forme de nos jours un solide point d’ancrage à partir duquel retracer les souvenirs les plus charmants et, parfois, les plus épouvantables jamais transmis d’une génération à l’autre. À leur apogée, la pureté de ces modestes vieilles cartes américaines resplendit des couleurs les plus vives en 1948. Car aujourd’hui les cartes connaissent un déclin esthétique dont elles ne se relèveront probablement jamais. Quintessence de l’inutile, la plupart des cartes récentes servent généralement de faire-valoir criard rapportant que telle et telle personne a visité tel et tel endroit et pour une raison quelconque y a passé un bon moment. Fini l’attachement à la vraie rue, à l’architecture de tous les jours ou à la présence humaine. À l’aube de ce siècle, la photographie en couleurs en était évidemment à ses balbutiements.
Walker Evans
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