Par son importance intrinsèque, son histoire, sa cosmogonie, le Râmâyana – qui a plus de 3 000 ans d’âge, au bas mot – est l’une des épopées orales les plus grandioses du monde, et seuls les Hindous – qui ont produit depuis, ou avant, qui sait ?, le Mahâbhârata – et les Chinois sont capables de nous éblouir par ce genre de récit. Le mot « éblouissement » est de rigueur quand on voit à quels bouleversements spectaculaires sont soumis le roi Râma et son armée de singes. Celui-ci part à la recherche de sa bien-aimée, Sitâ, que des démons malfaisants ont pris en otage dans les montagnes. L’histoire se termine à l’avantage de Râma, qui libère la reine Sitâ des griffes de son ennemi Râvana, le roi de Lanka, et remonte sur le trône d’Ayodha, dont il avait été dépossédé à la suite d’une sombre intrigue de palais. Avec ces sept chants, où se mêlent poésie et texte, vision apocalyptique et guerres fratricides, dieux et déesses, et tous les éléments de la nature – eau, soleil, vent, végétation, forêts, lacs et rivières –, peut se prévaloir d’une œuvre grandiose, qui est de surcroît entièrement respectueuse de l’humain. Le Râmâyana transcende le temps et offre au monde une sagesse élevée par ses protagonistes au rang d’état cosmique. Rien ne touche les deux principaux personnages, Râma et Sitâ, qui ne trouve sa résonance dans la marche du monde et c’est peut-être là la modernité transformatrice du texte, sa puissance, son génie.
Malek Chebel
Malek Chebel
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