Saturday, November 5, 2011

Le Paléolithique d'Europe

LE PALEOLITHIQUE D'EUROPE : ETAT PROVISOIRE DES CONNAISSANCES

I. — Au préalable, un détour par l'Afrique

La lignée humaine — on dit aussi le « genre Homo » fait figure d'une brindille dans le buissonnement du vivant depuis 3,8 milliards d'années. Parmi les mammifères, et dans le bouquet des primates, cette lignée très courte appartient au petit buisson des singes sans queue on dit aussi les « Hominoïdes ».

Parmi ceux-ci, la branche des Hominidés ne réunit aujourd'hui que les derniers représentants de quatre lignées : notre espèce, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles. Les premières espèces d'Hominidés, à la fois grimpeuses et bipèdes, sont probablement apparues en Afrique à la fin de l'ère tertiaire après — 10 Ma. Très peu de fossiles sont connus pour cette période, d'où la célébrité du crâne de Sahelanthropus tchadensis découvert en 2001 et baptisé « Toumaï ». Sa place exacte au sein des Hominidés est très discutée, car son âge d'environ — 7 Ma est proche de la divergence supposée entre des lignées très voisines, celles conduisant aux chimpanzés et bonobos et celles qui ont été réunies dans le même clade que les Hommes, celui des Homininés.

À partir de — 4 Ma, l'Afrique centrale, orientale et australe livre plusieurs vestiges d'Homininés, plus ou moins grimpeurs, plus ou moins bipèdes, combinant ces aptitudes apparemment avantageuses dans un environnement forestier morcelé par le développement des savanes. A propos de ces restes, comme ceux de la célèbre « Lucy » ou du bébé « Selam », de nombreux débats portent sur le nombre de lignées en présence et sur leur parenté. Orrorin, Ardipithecus, Kenyanthropus, Australopithecus et Paranthropus, des genres d'Homininés divisés en nombreuses espèces se succèdent ou se côtoient, tandis que d'autres espèces encore, nettement omnivores et à cerveau beaucoup plus volumineux (± 700 cm3) pour une masse corporelle analogue, sont considérées par certains comme les premiers représentants du genre Homo.

Parmi d'autres, une question se pose : à qui attribuer les premiers outils en pierre - dits « oldowayens » en référence aux gorges d' Olduvai (Tanzanie) ? Il s'agit d'éclats centimétriques, aux morphologies un peu hétéroclites, mais très coupants, débités sur des galets en les percutant avec une autre pierre, et aussi de quelques-uns de ces galets ainsi façonnés et rendus eux-mêmes tranchants. En 2010, des traces liées à la découpe de viande ont été découvertes en Éthiopie sur des os d'antilope vieux de 3,4 Ma, reculant de 800 Ka l'apparition de ces pierres délibérément aménagées, à ce titre sans équivalents chez les nombreux autres animaux techniciens. Des Australopithèques en sont probablement les auteurs, et le même genre d'outils a été ultérieurement utilisé par des Paranthropes ou encore par Homo habilis et Homo rudolfensis.

Par la suite, la disparition progressive de cette ribambelle d'espèces signale la fin d'un véritable âge d'or des Homininés, l'assèchement prononcé de l'Afrique détruisant une bonne part de leurs habitats de prédilection en lisière des forêts. Alors que prolifèrent des singes à queue comme les ancêtres des babouins, visiblement avantagés dans les paysages de savane ouverte, ces mêmes transformations environnementales assurent vers — 2 Ma leur succès aux Homo ergaster, survivants parmi les Homininés. Comme le montre le squelette presque entier de « Turkana boy », cette nouvelle espèce est mal pourvue pour grimper, mais très hien dotée pour la marche bipède endurante ainsi que pour la course, et l'on peut en déduire que son système thermorégulateur exigeait une pilosité aussi peu développée que la nôtre.

Ces gens à haute stature et à gros cerveaux (+ 800 cm3) ajoutent aux outils oldowayens très simples de nouveaux instruments en pierre plus longs à tailler dits « acheuléens », en particulier les premiers bifaces. Il s'agit de blocs qui, une fois façonnés symétriquement sur leurs deux faces décimétriques, présentent un tranchant périphérique long et robuste fonctionnant bien pour la découpe bouchère de gros mammifères.

II. — Les premiers Hommes en Eurasie, le Paléolithique ancien

Comme l'ont fait bien d'autres animaux — par exemple, il y a 20 Ma, d'autres Hominoïdes dont descendent les actuels orangs-outans -, des Homininés passent d'Afrique en Eurasie. Leurs plus anciennes traces y sont datées des environs de — 2 Ma, se limitant aux régions couvertes à l'époque par de la savane : en Israël, au Pakistan, peut-être en Indonésie, voire en Chine, ainsi qu'en Géorgie sur le site de Dmanisi. Ce dernier site livre depuis 1991 plusieurs fossiles attribués à Homo georgicus et rapprochés d'Homo habilis, peut-être la première espèce à sortir d'Afrique avant sa disparition.

Boris Valentin, Le Paléolithique

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