Husserl et les phénoménologues restituent le monde dans sa diversité et nient le pouvoir transcendant de la raison. L’univers spirituel s’enrichit avec eux de façon incalculable. Le pétale de rose, la borne kilométrique ou la main humaine ont autant d’importance que l’amour, le désir, ou les lois de la gravitation. Penser, ce n’est plus unifier, rendre familière l’apparence sous le visage d’un grand principe. Penser, c’est réapprendre à voir, à être attentif, c’est diriger sa conscience, c’est faire de chaque idée et de chaque image, à la façon de Proust, un lieu privilégié. Paradoxalement, tout est privilégié. Ce qui justifie la pensée, c’est son extrême conscience. Pour être plus positive que chez Kierkegaard ou Chestov, la démarche husserlienne, à l’origine, nie cependant la méthode classique de la raison, déçoit l’espoir, ouvre à l’intuition et au cœur toute une prolifération de phénomènes dont la richesse a quelque chose d’inhumain. Ces chemins mènent à toutes les sciences ou à aucune. C’est dire que le moyen ici a plus d’importance que la fin. Il s’agit seulement d’une « attitude pour connaître » et non d’une consolation.
Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe
" C'est-à-dire que le moyen ici a plus d'importance que la fin ". Les pensées profondes sont comme la constitution des roses, des raisons messagères avec ce reste en soi. " Les attitudes " dirigent le sentiment donné, et ce privilège d'amour ne reconnait plus sa raison.
ReplyDeleteIl n'y a pas de "privilégiés" en amour, K.. C'est une croyance dont n'importe quel(le) idiot(e) peut s'emparer, les yeux fermés, en se racontant n'importe quoi, jusqu'à ce que les choses s'inversent, que le doute et les suspicions prennent le dessus, que les illusions volent en éclats. L'idiot(e) privilégié(e) souhaitera alors la fin par tous les moyens et les pétales de roses fanés laisseront ainsi voir la tige et, surtout, les épines.
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